Chers partenaires,
Aux côtés de l’équipe et du conseil d’administration de l’Office public de la langue occitane, je vous adresse mes meilleurs vœux pour l’année qui commence.
Ce basculement calendaire m’a semblé opportun pour vous adresser un bilan rétrospectif des premières années de l’Office : un œil sur le temps écoulé, l’autre vers le chemin qu’il reste à parcourir.
L’Office public de la langue occitane, bien plus qu’un outil pour la langue
Avec la création de l’Office public de la langue occitane en 2016, il s’agissait de faire exister une politique linguistique, certes issue de la volonté de trois partenaires – la Région Nouvelle-Aquitaine, la Région Occitanie et l’État, mais comme un objet politique « en soi ». Aujourd’hui l’Office a grandi : l’espace de dialogue et de collaboration entre ses membres s’est ouvert, leurs contributions ont été consolidées et renforcées, l’équipe s’est étoffée, et l’Office prend sa place, chaque jour un peu plus, dans l’espace public qui est le sien.
Un objectif : accroitre le nombre de locuteurs actifs
Il est clair que le tout jeune Office a avant tout resserré son action sur son objectif premier – augmenter la transmission de la langue auprès de la jeune génération – et donc envers la communauté éducative forte de près de 48 000 élèves scolarisés en occitan.
En ce sens, l’année 2020 a permis de mesurer l’aboutissement d’un travail partenarial au sens large, que ce soit entre les trois entités administratrices ou avec les autres collectivités territoriales et les opérateurs linguistiques.
Nous avons en effet pu déployer des dispositifs existants (matériels pédagogiques, aide au Diplôme en Compétences Linguistiques, journées et semaines de sensibilisation dans le 2nd degré), en améliorer d’autres (dispositif Ensenhar étudiant et professeur), mais aussi en lancer de nouveaux (offre pour l’accès à des productions audiovisuelles en occitan en direction des scolaires, chèque-livre…).
La signature des conventions pour le développement de l’enseignement dans les académies de Montpellier et Toulouse sont venues rejoindre celles de Bordeaux et Limoges. Enfin, le ministère de l’Éducation nationale a décidé d’augmenter sa contribution au fonctionnement de l’Office, lui permettant non seulement de renforcer son équipe mais également d’envisager de nouvelles actions.
Le chemin à parcourir reste encore long néanmoins
Pour autant, l’augmentation du nombre d’élèves scolarisés peine à poindre. Car le chemin est encore long pour que la politique linguistique soit considérée comme une politique « normale » et d’intérêt général comme nous le soutenons depuis la création de l’Office.
Ainsi, bien que l’enquête sociolinguistique menée cette année ait montré que les habitants des deux régions sont majoritairement attachés à la langue occitane, pour autant il nous faut encore faire connaître et rafraichir les représentations que le grand public a de la langue et de la culture occitanes.
Plus encore, la responsabilité de notre pays vis-à-vis de la sauvegarde de ses langues régionales doit se traduire de manière concrète, par une véritable stratégie et un meilleur statut.
Ce sont là des préalables nécessaires afin d’éviter beaucoup d’incohérences dans l’action publique, qui viennent grever les efforts que nous menons ensemble.
Et maintenant ?
En réponse à ces deux défis, l’Office peut désormais élargir son champ d’action : vis-à-vis du grand public d’abord, à travers une grande campagne de sensibilisation, la mise en place de son observatoire de la langue pour être un organisme « ressource et relais », et l’élaboration de partenariats pour mieux socialiser la langue. Il s’agira aussi de resserrer ses coopérations avec les autres offices dédiés aux langues régionales.
Mais il appartiendra à chacun de relayer son attachement à la langue occitane auprès de nos députés, qui s’apprêtent à voter en avril prochain une loi pour un meilleur statut des langues régionales en France.
Charline Claveau
Présidente de l’Office public de la langue occitane
Conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine
déléguée aux Langues et cultures régionales