Correspondéncia #3 – EDITO
Chers occitanophones et occitanophiles,
Alors même que les grandes vacances viennent de démarrer, convoyant leur lot de liberté retrouvée – et quelles retrouvailles cette année ! -, la lettre d’information de l’OPLO se concentre paradoxalement sur la thématique de l’enseignement… Loin de nous l’idée de reprendre à notre compte les fameuses « vacances apprenantes » ! Il s’agit plutôt d’une conjonction de chantiers arrivés à terme, en même temps que l’année scolaire.
A commencer par l’enquête sociolinguistique, dont nous avons réalisé une première restitution en juin. Si le résultat général ne laissait guère de place au suspense – une chute continue du nombre de locuteurs, passant désormais à 7% en moyenne dans les deux régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie – néanmoins, ce triste constat ne doit pas ternir les quelques bonnes nouvelles et pistes de progrès révélées par l’étude. Que ce soit l’augmentation de la transmission de la langue au sein de la famille, l’appétence grandissante des habitants pour des actions publiques en faveur de la langue, ou l’enrayement de la chute du nombre de locuteurs dans certains départements, ce sont autant de résultats à retrouver dans l’enregistrement audio de la restitution. La comparaison des résultats avec le Val d’Aran, où la langue bénéficie du statut de co-officialité, ne manquera pas de nourrir les réflexions estivales, j’en suis sûre… A écouter donc, à l’abri de la touffeur aoûtienne.
Bien sûr, il s’agit d’un premier état des lieux, le foisonnement de données nécessitant encore beaucoup de traitement afin d’en tirer le plus d’enseignements possibles. Le plus marquant d’entre eux est sans doute la confirmation que la réussite de notre mission commune – que vive et se revivifie la langue – réside dans une « politique de l’offre », et plus particulièrement une offre d’enseignement à l’école, plébiscitée par 88 % de nos habitants.
Or, c’est exactement cela que vous découvrirez dans les autres articles de cette lettre : des documents d’information sur les opportunités de scolarisation en occitan, en passant par notre dispositif de bourses ENSENHAR étudiants, ou encore le lancement en septembre du chèque Libe-Libre ! à destination des élèves néo-aquitains du premier degré. L’équipe de l’Office s’est attelée à la tâche afin de préparer la rentrée prochaine. Mais le message d’encouragement et de motivation le plus fort et le plus efficace vient sans doute de nos anciens élèves eux-mêmes ! Ainsi, ne manquez pas de regarder et de relayer leur vidéo, où ils témoignent de leurs expériences de l’apprentissage de la langue occitane et de leur attachement à cette culture, d’où qu’ils viennent et où qu’ils aillent désormais !
Comme d’habitude, vous retrouverez également des informations sur la vie de l’Office, avec le compte-rendu des dernières instances.
A ce sujet, M. Delaunay, recteur de Toulouse et 2ème vice-président de l’OPLO, a annoncé le 29 juin dernier que l’Etat, à travers le ministère de l’Education nationale, accédait à la demande des deux Régions partenaires, et augmentait sa participation annuelle au budget du groupement. Il s’agira de la prise en charge d’un second poste de chargé de mission « Enseignement », qui rejoindra l’équipe du site de Bordeaux, ainsi qu’un abondement de 50 000 € supplémentaires. Nous sommes ravis que M. Delaunay, à la suite de sa prédecesseure, Mme Bisagni-Faure – actuelle rectrice de la région académique Nouvelle-Aquitaine, ait soutenu favorablement cette demande auprès de son ministère de tutelle.
Cette décision, au-delà de ses conséquences opérationnelles certaines – un meilleur suivi de la stratégie de développement de l’enseignement, et l’intensification d’actions en sa faveur – revêt également une portée symbolique. En effet, cinq ans après la création de l’Office, cette annonce est aussi une marque de reconnaissance pour l’équipe, ainsi que pour tous les partenaires institutionnels et associatifs qui œuvrent en faveur du développement de la langue à nos côtés. Espérons que cet engagement « augmenté » rappelle aux académies de Montpellier ou de Limoges les engagements qui sont les leurs.
Espérons également que cette annonce puisse être une porte désormais ouverte au dialogue, afin de faire valoir nos « spécificités territoriales » au regard de réformes nationales, qui trop souvent font fi de nos réalités linguistiques et culturelles. Je ne me risquerais pourtant pas à entrevoir dans la nomination récente en tant que Premier Ministre d’un gersois installé en pays catalan, un quelconque signe annonciateur…
Je pense évidemment à la réforme du lycée et au groupe de travail constitué afin de tirer les leçons d’une première année de mise en œuvre, et plus récemment au déploiement du fameux « plan langues vivantes »… Une nouvelle fois, les Régions se font le relais du terrain et appellent les recteurs à la plus grande vigilance, afin que cette opportunité linguistique certaine pour nos élèves ne se fasse pas au détriment de celle déjà portée par l’apprentissage des langues régionales. Qu’elle puisse au contraire s’inspirer du modèle du bi-plurilinguisme prôné depuis tant d’années par les acteurs de l’enseignement de l’occitan, et proposer une complémentarité plutôt qu’une concurrence.
Encore de nombreuses actions à mener ensemble ! Je vous donne rendez-vous dès la rentrée prochaine, avec une série de restitutions territoriales de l’enquêtes qui débutera dès le 27 août, à Sabres (40) dans le cadre de l’Amassada Nouvelle-Aquitaine.
D’ici-là, je vous souhaite à tous, un superbe été!