Qui sont ceux qui parlent l’occitan ? Combien sont-ils ? Pourquoi utilisent-ils la langue occitane ? Comment l’ont-ils apprise ? La transmettent-ils et pourquoi ? Qu’en pensent ceux qui ne la parlent pas ? Autant de questions auxquelles l’Office public de la langue occitane tend à apporter des réponses après le lancement d’une enquête sociolinguistique de grande ampleur.
Conduite en trois étapes, elle porte sur la transmission, les usages et les représentations de la langue occitane sur un large espace :
- en France, sur les territoires occitanophones de Nouvelle-Aquitaine et Occitanie,
- en Espagne, au Val d’Aran.
De nombreux partenaires, notamment financiers, apportent leur soutien à l’Office dans cette démarche qui se veut fédérative et ambitieuse.
1ère étape, une enquête quantitative pour connaître la situation globale de la langue
Le début de l’année 2020 a été marqué par le lancement d’une enquête quantitative d’envergure pour connaître la situation de l’occitan, première étape de ce projet à grande échelle.
Pilotée par l’Office en partenariat avec le GECT Nouvelle-Aquitaine/Euskadi/Navarre[1], elle s’inscrit dans le cadre d’un projet européen Poctefa 2014-2020. Sa réalisation a été confiée, via un marché public, à un prestataire spécialisé. Les travaux ont débuté début janvier et ce sont achevé fin février 2020. Cette enquête transfrontalière s’est étendue sur les 22 départements du territoire de l’Office ainsi qu’au Val d’Aran (Principat de Catalogne, Espagne).
8 000 personnes ont ainsi été interrogées sur leur connaissance de l’occitan, leur pratique et leur représentation de la langue. Les échanges téléphoniques ont été initiés en français/espagnol, puis poursuivis en occitan, pour ceux qui déclaraient maîtriser la langue, afin d’attester leur occitanophonie.
Dès la préfiguration du projet, un comité de pilotage a accompagné l’avancement des travaux, tel que prévu dans le plan d’action de l’Office. Il se compose d’un collège scientifique (experts en sociolinguistique, dialectologie, statistique…) et d’un collège de partenaires institutionnels et associatifs (État, Régions, Départements, Parc naturel régional, opérateurs structurants…). L’objectif est de considérer au mieux les attentes des divers partenaires, de bénéficier de leur expertise pluridisciplinaire et d’optimiser la portée de l’enquête. Le comité s’est réuni à plusieurs reprises autour du cadrage de la méthodologie à suivre : échantillons de population à interroger, définition du questionnaire d’enquête, analyse statistique…
À l’horizon du printemps 2020, les résultats recueillis permettront d’actualiser et de comparer les données des enquêtes menées en 2008 et 2010 en ex-Aquitaine et ex-Midi-Pyrénées. Ils offriront ainsi pour la première fois des données harmonisées à l’échelle d’un territoire d’envergure et transfrontalier.
Cela constituera un véritable outil d’aide à la décision dans le cadre de la mise en œuvre d’une politique linguistique efficace, pour l’Office mais aussi pour ses partenaires.
[1] Groupement Européen de Coopération Transfrontalière
Une enquête qualitative (volet 1) pour comprendre les leviers d’appropriation de la langue occitane
L’Office a souhaité dans un second temps mettre en perspective les données chiffrées à travers deux volets d’analyses qualitatives complémentaires. Le premier portera sur la compréhension des freins et des leviers qui entourent l’appropriation de l’occitan chez les personnes de 15 ans et plus.
Soutenu financièrement par la Région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre d’un appel à projet de coopération internationale avec le Québec (Canada), l’Office s’est associé avec les universités de Laval et Trois-Rivières, pour mener à bien ce 1er volet de l’enquête qualitative sous forme d’un projet de recherche.
En mars 2021, deux chercheurs québécois spécialisés en sociolinguistique rencontreront un panel d’une soixantaine des personnes issues des entretiens téléphoniques du volet quantitatif de l’enquête. Ces entretiens permettront d’aborder plus en détail la relation que nouent les occitanophones à leur langue, leur niveau d’attachement affectif, la question de la transmission de la langue, mais aussi de comprendre les freins rencontrés par les non occitanophones.
Les résultats obtenus permettront une meilleure connaissance des blocages à lever et des opportunités à favoriser pour une transmission et un usage accru de l’occitan, et tendre ainsi vers un plus grand nombre de locuteurs.
Une enquête qualitative (volet 2) ciblée sur l’enseignement de l’occitan
Levier majeur de la transmission de la langue, la question de l’enseignement de l’occitan et de la continuité des parcours pédagogiques est cruciale pour l’action portée par l’Office. Elle fera donc l’objet du 2ème volet de l’enquête qualitative, plus ciblé, conduit sous la forme d’une thèse de 3 ans (contrat CIFRE-Convention industrielle de formation par la recherche, en partenariat avec l’ANRT -Association nationale recherche technologie).
Quelles sont les représentations associées à l’enseignement de l’occitan ? Pourquoi les parents choisissent-ils de scolariser leur enfant en cursus bilingue (immersif ou non) ? Pourquoi ces parcours scolaires se poursuivent-ils jusqu’au lycée ou au-delà ? Pour quelles raisons ces parcours s’interrompent-il parfois ?
Trouver des éléments de réponse auprès d’élèves (moins de 15 ans) et de leurs parents est l’enjeu de ce projet de recherche, afin d’aboutir à des préconisations autour des facteurs de réussite observés.
L’objectif pour l’Office et ses partenaires est d’améliorer son action en faveur de l’enseignement de la langue par une meilleure compréhension de sa perception.
Les candidatures pour cette thèse sont encore ouvertes auprès de l’Office public de la langue occitane.
Le projet a été cofinancé à hauteur de 65% par le Fonds européen de développement régional (FEDER) via le Programme Interreg V-A Espagne-France-Andorre (POCTEFA 2014-2020), dans le cadre du projet IRAKASLEGIAK. L’objectif du POCTEFA est de renforcer l’intégration économique et sociale de l’espace frontalier Espagne-France- Andorre. Son aide est concentrée sur le développement d’activités économiques, sociales et environnementales transfrontalières par le biais de stratégies conjointes qui favorisent le développement durable du territoire.